La Bulgarie d'Ouest en Est
Malgré notre court séjour de deux nuits à Negotin nous avons eu un pincement au cœur en quittant le petit jardin de Bojan. On s’y est sentis comme à la maison. A gauche Shogan (pardon pour l'orthographe!), notre ami japonais cycliste au long cours, et à droite Bojan, notre hôte.
Quinze kilomètres après notre départ nous avons atteint la frontière bulgare. Deuxième pincement au cœur de la journée, nous quittons la Serbie !
Ma parole, c'est même écrit en français!!
Dans le premier hameau où nous faisons halte un jeune garçon nous approche pour taper la causette. Evidemment nous ne saisissons pas un mot de ce qu’il dit, c’est frustrant parfois ! Nous roulons jusqu’à Vidin, petite ville sans grand intérêt sur les bords du Danube. C’est ici que nous lui faisons nos adieux.
Lever de soleil sur le Danube...
Durant notre jour de pause notre salle de classe sera une terrasse avec vue sur le fleuve, une belle façon de prendre congé !
Transport fluvial. Là c'est un petit joueur car nous avons déjà vu des remorqueurs qui tractent neuf barges à la fois (il n'y en a "que" six ici!)
Encore un petit cours de cyrillique... les filles deviennent fortes à ce petit jeu! Il est écrit Vidin.
Et puis nous rompons notre ligne continue de trajectoire sur deux-roues débutée à Vienne, nous prenons le train pour Sofia. Et lui, le train, il prend son temps. Près de cinq heures plus tard nous avons parcouru les quelques 200 km qui nous séparaient de la capitale, nous avons surtout franchis la chaîne montagneuse du Grand Balkan qui coupe littéralement la Bulgarie en deux d’Est en Ouest.
C’est Giorgi qui nous loue un super appartement ancien au centre-ville pour quatre nuits, il a même fait un cake à la banane pour nous souhaiter la bienvenue !
En chemin pour visiter la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski nous nous sommes arrêtés pour assister à des représentations d’une école de danse qui se donnaient dans un passage sous voie à proximité de vestiges archéologiques. Le centre-ville en est truffé.
Et pour la première fois, nous avons entendu le chant du muezzin. Autour de chez nous, dans un périmètre très restreint il y a une mosquée (le pays compte 10% de musulmans), une église orthodoxe, une église catholique et une synagogue. Un sacré melting-pot culturel !! Depuis que nous sommes en voyage les filles posent beaucoup de questions sur la religion et nous avons beaucoup de discussions passionnantes ! Il faut dire que dans les grandes villes nous visitons souvent les magnifiques églises et dans les campagnes, jusqu’ici, la religion est omniprésente au travers des mini chapelles ou des représentations du christ sur la croix dans les endroits les plus insolites et les plus reculés.
L'église Sveti Sedmochislenitsi.
Lumière du soir sur la cathédrale Saint Alexandre-Nevski.
Trois jours à profiter de Sofia, à se balader parmi les bulgares qui profitent du week-end pour déambuler dans les parcs, à faire des photos, à se cuisiner des petits plats. Hier, aux abords d’une place de jeu, nous avons rencontré une famille nantaise en balade autour du monde cette année aussi. Les filles ont été ravies de jouer un moment avec les deux garçons de 7 et 5 ans. « Maman ! Il y a des garçons qui parlent français ! ». Et nous avons été ravis de discuter avec les parents. Comme nous, leurs plans sont passablement chamboulés, ils avaient prévu de commencer leur périple par le Japon et ont finalement improvisé un tour d'Europe en voiture.
Fin septembre, nous sommes montés dans un train pour Varna, sur la côte bulgare de la Mer Noire.
Les wagons à compartiments ne sont pas du tout adaptés pour charger des vélos et le chef de train n’a aucune envie de nous aider ou d’essayer de comprendre ce que nous avons à lui dire. Tout comme une passagère qui s’énerve et m’insulte parce que je l’empêche de passer. Finalement on a casé deux vélos à chaque extrémité du wagon et avec trois bouts de scotch Marc a réussi à libérer le passage pour monter dans le train sans condamner la porte des wc... Le voyage s’annonce long, près de huit heures jusqu’à Varna, mais les filles ont heureusement un âge où ce genre de voyage ne se transforme pas en épreuve pour les parents, elles sont chics !
Arrivée à la gare de Varna, nous allons enfin voir la Mer! Nous allons passer une bonne semaine sur la côte de la Mer Noire.
Ca y est je la vois, elle est là à l'horizon!
Premier plouf dans l'eau salée.
L'un de ces goélands a eu l'outrecuidance de venir dérober mon sandwich directement dans mes mains...
Après deux jours à profiter de la côte à Varna, nous avons pris un taxi pour Burgas 120 km plus au Sud. Ça a été toute une histoire. Nous voulions prendre un bus car le relief entre les deux villes côtières est trop montagneux et il n’y a pas vraiment d’alternative à la voie rapide, ce qui ne fait pas rêver des cyclistes. Mais ce sont de petits bus qui font la navette et il n’est pas envisageable d’y mettre des vélos. Nous avons donc cherché à louer une grosse voiture, sans succès. Heureusement finalement nous avons trouvé un taxi mini-bus assez grand pour caser tout notre bazar !
A une dizaine de kilomètres au Sud de Burgas se trouve une réserve ornithologique. Nous sommes accueillis par des passionnés qui nous prêtent des jumelles et installent pour nous des longues vues qui nous permettent d’observer des aigrettes garzettes, des bécasses, des spatules, des sternes caspiennes, des busards des roseaux à la chasse et même un pélican. Nous sommes dans un couloir migratoire très important qui relie le Nord de l'Europe aux régions chaudes, des millions d’oiseaux empruntent cette bande de terre entre la Mer Noire et la Méditerranée et y font halte pour se nourrir.
Le lendemain c’est en bateau que nous nous rendons sur l’île de Sainte Anastasia. L’île a une surface d’un hectare environ. Elle a d’abord abrité un monastère qui a ensuite fait office de prison, principalement pour des prisonniers politiques. Elle abrite un petit musée qui raconte son histoire et qui donne des explications sur la faune et les particularités de la Mer Noire.
Le port de Burgas est le plus important de Bulgarie.
Et puis finalement, après plus de dix jours sans pédaler, nous enfourchons à nouveau nos montures ! Nous commençons fort par une première étape assez rude, le chemin n'est pas toujours très... carrossable.
On pourrait faire un classement des coins de pique-nique les moins glamours, je pense que celui-ci est dans le top dix!
La côte bulgare à cette saison est plutôt…. déserte ! Nous traversons des zones où alternent des complexes hoteliers déserts et des bâtiments en chantier qui semblent abandonnés. Les campings sont à présent presque tous fermés.
Nous avions repéré un camping bien côté peu avant Sozopol et comme il est fermé nous installons la tente directement sur la plage qui est immense et qui fait le bonheur des filles. Puis c’est la petite ville presque déserte de Tsarevo. L’exploit ici consiste à obtenir un sourire...
Et puis nous tournons le dos à la Mer direction la frontière turque.
Sur près de 35 km, nous roulons dans une immense chênaie sur une route presque déserte. Une camionnette s’arrête pour nous signaler, quelque 150 mètres plus loin, une fontaine. Alors que nous faisons le plein de nos gourdes, deux voyageurs à vélo font leur apparition, ce sont les premiers sur la route depuis que nous avons quitté l’Autriche ! Ce sont deux amis polonais qui sont pas mal impressionnés de voir nos deux jeunes cyclistes en herbe gravir ces collines.
Nous mangeons à Bulgaria (!), un village un peu en dehors de la route, dans lequel les gens ont pour tradition de marcher dans les braises lors de certaines cérémonies. La place centrale est ornée d’un bûcher de gros billots de bois qui ne demande qu’à être allumé. Un vieux monsieur vient nous offrir des pommes, puis il revient un moment plus tard avec du raison, puis il réapparaît avec des noisettes. Incroyablement gentil !
Au loin, plein Sud, les montagnes au fond sont turques!
Lorsque nous atteignons Gramatikovo (граматиково) nous avons 600 mètres de dénivelé cumulé positif dans les pattes, je suis fière de mes filles!
Gramatikovo, village du bout du monde.
Petit bestiaire...
Un lérot croisé au bord de la route peu après la frontière bulgare, c'est l'oeil afuté de Margaux qui le repère! Mais difficile de savoir ce qu'il fait là en plein jour...
La surprise en arrivant à Varna ce sont ces grandes méduses (une trentaine de centimètres de diamètre), Rhizostoma pulmo de leur petit nom latin (merci Google) qui viennent s'échouer sur la plage. Et le temps record des filles pour sortir de l'eau lorsque nous en avons vu en nous baignant... Après quelques recherches il semblerait que sa piqûre soit moins douloureuse qu'une piqûre d'ortie... ce qui a un peu tranquilisé les troupes.
Tortue grecque en balade sur l'île Sainte Anastasia.
Voilà pour la Bulgarie, les prochaines nouvelles seront turques!
D'ici là, portez-vous bien!