De Mérida à Cancún
Nous voilà de l'autre côté de la péninsule, avec une dernière étape pas vraiment prévue, on vous raconte!
De chez Raul où nous avons séjourné une semaine, nous mettons le cap au nord sur Progreso, au bord de la mer. Marc nous y a dégoté un petit appartement pour trois nuits. Je propose à Marco, un voyageur à vélo arrivé chez Raul l’avant-veille, de dormir « chez nous » puisqu’il y a suffisamment de crochets à hamacs, ce qu’il accepte. Finalement, il restera une nuit de plus et voyagera deux jours avec nous.
Marco voyage sans le sou et se débrouille plutôt bien pour dégoter des plans nuit qui ne coûtent rien. La première nuit nous rejoignons un hôtel camping dans une palmeraie au bord de l’eau et après négociation le prix passe de 150 pesos par personne à rien du tout. En fait le gérant est impressionné de voir des enfants voyager ainsi. L’endroit est idyllique mais le vent est terrible. On ne se plaint pas trop parce que du coup les moustiques ne sont pas de la partie.
Le lendemain on atteint Dzilam de Bravo, le dernier village de la route au bord de la mer. C’est un village plutôt mort et avec l’accord de la police on s’installe en bordure près de la mer sur la terrasse d’une maison inhabitée. Vers 22h une disco mobile vient cracher ses décibels juste à côté, heureusement c’est probablement le vent qui a écourté la soirée, moins d’une heure après ils ont plié bagage. Ouf, on va pouvoir dormir. Moi je suis rassurée qu’on ne soit pas tout seuls et je crois que Marco aussi est content qu’on soit là. Il dit que c’est plus délicat de camper tout seul. Il lui est arrivé de se faire déloger par la police à deux heures du matin avec un délai de 10 minutes pour décamper.
Notre home sweet home d'un soir!
Le lendemain nous lui faisons nos adieux, il file en solo face au vent direction Tizimin. Nous nous misons sur une étape de taille familiale et posons les sacoches dans un hôtel à Buctzotz. Les noms ici sont souvent d’origine maya, presque impossible à retenir pour moi !
Les routes mexicaines sont truffées de "tope", ces gendarmes couchés plus ou moins agressifs qu'il vaut mieux anticiper!
Les monozygotes à la conquête du bitume.
Bitume parfois tout neuf au demeurant..
Ensuite nous faisons halte sur la route vers une cenote près de laquelle il est possible de camper. L’étape est terrible, 38 km face au vent. On s’accroche. Les filles sont incroyables, et contrairement à moi elles n’ont pas mal aux jambes. Les abords de la cenote sont aménagés, il y a des palapas équipées de tables et de chaises, c’est le grand luxe !
La cenote elle-même est plutôt petite mais quel bonheur de se baigner dans ces endroits magiques.
Durant l’après-midi, une fois qu’on a terminé l’école, Manuel, jeune maya de 24 ans passionné par les cavités souterraines dont son pays est truffé, nous emmène à deux pas visiter deux d’entre elles qu’il a découvertes il y a environ un an et demi. L’accès est plutôt sportif. Pour descendre dans la première il y a une échelle rudimentaire. Les filles, grandes courageuses, s’y jettent sans réfléchir à la suite de Manuel.
Au fond, la chaleur est oppressante mais le spectacle magnifique : une incroyable sculpture naturelle tout en stalactites et stalagmites. De la dentelle. Dans la deuxième caverne à l’accès encore plus périlleux, il y a de l’eau. Manuel a commencé à déblayer un peu du matériel, il a le projet d’en faire une cenote accessible au public.
Coucher de soleil sur la campagne yucatèque.
Après le souper, juste avant de se glisser dans les sacs de couchage, nous prenons un dernier bain nocturne dans notre petit puit privé, une nouvelle expérience !
Le vent n’a pas faibli le lendemain mais heureusement après une quinzaine de kilomètres nous virons plein nord direction Panaba. Peu avant d’aborder le village, alors que nous faisons une ultime pause à l’ombre, un scooter qui nous avait doublé fait marche arrière et vient à notre rencontre. C’est Jazmin et sa fille Magali qui rentre de leur ferme et qui viennent voir si on a un problème. Non, on fait juste une pause à l’ombre ! Ni une ni deux, elles nous proposent de venir dormir à la maison !
La maison est toute petite et Magali nous cède sa chambre. Ils étaient auparavant établis à Cancun et elle vit ici depuis une année avec sa mère, son frère et son beau-père. Elle a le projet de partir faire des études de médecin à Cuba. Sa mère a hérité du ranch de son ex-conjoint décédé et avec son mari, ils se sont lancé dans l’élevage. Ils ont des moutons et des cochons.
Justement, une truie est sur le point de mettre bas et nécessite une surveillance rapprochée. Avec Jazmin et son mari Tonio, nous partons faire une petite virée au ranch.
Une semaine après, je suis restée en contact avec Jazmin, on append que 11 porcelets sont nés. On avait fait des paris, c'est Margaux qui a gagné! Ca doit être parce qu'elle est spécialiste en grossesses multiples...
Quelle générosité de la part de ces gens ! Le matin Tonio est allé nous acheter du pain aux œufs, une spécialité délicieuse de la région. Merci amis mexicains au grand coeur!
Et puis nous filons retrouver la mer à San Felipe, petit port de pêcheurs à 30 km au nord de Panaba.
Sur la route peu avant San Felipe, on constate encore les vestiges des inondations dues aux tempêtes d'octobre dernier.
Les petites maisons en bois typiques de ce village.
Nous avons passé deux nuits dans le presque unique hôtel de ce petit village, vue sur la mer, et le troisième soir nous filons camper sur l’île au large ; c’est Cesar qui nous emmène sur son bateau. On se la joue Robinson Crusoé !
Nous sommes samedi soir, et sur la plage officielle il y a pas mal de monde, tous arrivent armés de bières et de musique. Notre envie de tranquilité est trop forte et nous allons planter notre tente à l'autre bout de la petite île, sur une plage rien que pour nous.
Les filles ont collectionné les mues de limules.
Après San Felipe, nous avons migré juste à côté à Rio Lagartos. Je n’ai pas vraiment reconnu le Rio Lagartos d’il y a 20 ans… Il y a une vingtaine d’hôtels là où il y en avait un seul et le tourisme a pris son essor ici.
Nous avons très vite rencontré Jesus, un ami de Raul, qui emmène les touristes en bateau à la découverte des trésors de la région. Rendez-vous a été pris à 6h le lendemain matin avec lui. Nous avons été passablement déçus de constater que c’était un autre guide qui nous attendait, Jesus ayant eu une urgence. Malgré tout l’expérience était très chouette. Nous n’avons pas pu approcher les flamants roses de très près et les populations ne sont pas aussi importantes que dans quelques semaines lorsque la saison de la reproduction battra son plein.
Sortie en mer de bonne heure pour admirer la faune de la réserve.
Approcher les flamants roses, ça se mérite!
Nous avons également eu le nez fin d’attendre que le vent tourne au Nord pour quitter Rio Lagartos plein sud direction Tizimin (où nous fêtons notre 4’000ème kilomètre !) et ensuite Valladolid.
Une spécialité sucrée de la région: la marquesita. Une crêpe roulée friable si possible garnie de nutella.
A Valladolid nous sommes hébergés par Daniel qui fait partie du réseau RAC (Red de Apoyo al Cycloviajero). Il est guide touristique et travaille avec sa copine Abril.
Cette cenote est située... en plein centre de la ville de Valladolid!
Daniel et Abril nous emmènent à moto découvrir cinq cenotes dans la région dont trois dans lesquelles nous pouvons nous baigner. Les filles sont aux anges, elles ne sont encore jamais montées sur un scooter et elles adorent ! Et tout ça pour aller de sites de baignade en sites de baignade… que du bonheur ! Dans les deux premières cenotes nous sommes seuls, c’est magique. La dernière est une cenote beaucoup plus touristique et plus chère (le port du gilet de sauvetage y est obligatoire) mais il y a une corde pour jouer à Tarzan.
Le troisième jour c’est Cathy et Sébastien de France qui débarque chez Daniel avec leurs enfants de 7 et 10 ans. C’est un plaisir pour les petits et les grands de partager et d’échanger en français.
Du coup c'est sympa, pour la première fois on fait l'école avec quatre élèves!
Nous visitons le site archéologique de Ek Balam (Ek signifie étoile et Balam jaguar en langue maya). C'est un des très rares sites sur lesquels le public peut escalader les pyramides, alors on se régale!
Abril improvise pour nous un atelier de confection d'attrape-rêves, quel plaisir pour les filles de fabriquer quelque chose de leurs dix doigts!
Et puis nous faisons nos adieux à Abril et Daniel et à nos amis français, on va être obligés de faire des vacances dans le Sud-Ouest, surtout qu'ils ont le projet de monter des chambres d'hôtes à leur retour!
Alors qu'ils partent au nord nous nous dirigeons vers la célèbre ville côtière de Tulum. Mais finalement, la mer des Caraïbes nous ne la rencontrerons pas à Tulum mais à Cancun. Une chute un peu dure d'Alice nous fait filer, sur les conseils d'un médecin, vers la grande ville de Cancun et ses hôpitaux équipés pour l'imagerie médicale. Au final, plus de peur que de mal et Marc nous a dégoté au centre de Cancun une petite maison qui va être notre repaire ces prochains jours.
Même si l'ambiance a radicalement changé et que nous sommes dans une ville hautement touristique, que nous ne pouvons plus nous déplacer sans nous faire harceler par les restaurateurs, les vendeurs d'artisanat et les organisateurs de tours, nous avons bien l'intention de profiter de ce que ce site peut nous offrir!
On vous souhaite une joyeuse Pâque et de bonnes vacances pour ceux qui en ont!