Noël au Mexique
Ça y est, nous sommes à nouveau sur les routes et c’est un bonheur !
Nous avons visité le site de Teotihuacan à 50 km du centre de Mexico. La sortie en bus est impressionnante parce qu’on a l’impression que la ville ne se termine jamais, elle monte sur les montagnes environnantes. Sur le site archéologique, il y a plus de vendeurs de souvenirs que de touristes, et les immenses parking vides laissent imaginer l’affluence qu’il peut y avoir en temps normal.
Pour notre plus grande déception, l’ascension sur les pyramides de la lune et du soleil n’est pas possible. Mesure anti-covid, mais qui semble complètement arbitraire. En effet, il est bien plus dangereux de prendre le métro en termes de « distanciation sociale » comme on dit. Mais on profite quand même bien du lieu.
A la fin de notre séjour dans la mégapole nous sommes montés dans la Torre Latinoamericana.
Même si l’atmosphère était un peu brumeuse, c’était dingue de voir la ville d’en haut (et ça m’a rappelé des souvenirs !). On voyait la grande rue piétonne qui relie la tour au Zocalo avec son trafic piéton… à sens unique ! J’espère qu’on ne verra ça qu’une fois dans notre vie.
La cuisine mexicaine est épicée, mais par chance pour nous la plupart des mets sont peu ou pas épicés et les sauces au piment sont toujours à part. Ca permet d'y aller graduellement!
Trafic à sens unique dans les rues piétonnes.
Le 10 décembre nous avons pris un bus pour Puebla où nous avons passé deux nuits. Puebla est une ville beaucoup plus petite (deux millions d’habitants tout de même !) et possède un centre-ville très agréable avec des terrasses et des maisons colorées à l’architecture coloniale. Note hôtel est doté d’une piscine qui fait le bonheur des filles.
Ici aussi les préparatifs de Noël battent leur plein.
Spécialité culinaire du Mexique: le mole. C'est une sauce à base de chocolat qui accompagne des plats salés. Le chocolat est un mot dérivé du nahuatl, xocolatl, dans la langue des aztèques. Eh oui, le chocolat à l'origine est bien mexicain!
Et c’est ici que nous avons découvert une friandise dont raffolent les mexicains : les chapulines. Ce sont des criquets qui sont frits avec de l’ail, du piment et du citron et qui se consomment à l’apéritif ou à l’intérieur des tacos, entre autres garnitures. C’est au menu depuis 3'000 ans dans la région.
Et puis c’est le grand jour, nous nous lançons sur la route. Nous avions quelques appréhensions et j’avais contacté Rosina qui est membre de l'association cycliste WarmShower et qui vit dans la région pour lui demander s’il était raisonnable de quitter la ville à vélo. Elle nous a rassuré sur ce point et nous a invité à rejoindre le ranch de ses parents. Comme ça représente une étape un peu trop longue nous avons coupé la poire en deux et dormi dans la petite ville de Teapaca. Rouler au Mexique, surtout dans la périphérie des grandes villes, c’est avaler beaucoup de pollution et c’est aussi vivre dans la musique, il y en a partout ! Et notre expérience pour l’instant est bonne, les chauffeurs sont vraiment respectueux et font attention à nous, c’est un soulagement.
Nous avons donc rejoint le ranch de Rosina (mère) et Ramon en début d’après-midi hier. Ils étaient à l’époque éleveurs de vaches laitières mais le lait est acheté une misère (tiens ça me rappelle quelque chose…) et il y a des vols de bétail. Ils ont donc renoncé à l'élevage et depuis 12 ans ils tiennent une boulangerie.
Rosina, son mari Eduardo et leur petit Tonatiuh de deux ans sont en vacances ici pour une semaine. Un lieu et une famille hyper agréable, les filles ne voulaient plus partir ! Et Rosina et Eduardo qui ont relié Paris et Rome en 2017 sur leurs deux roues sont rompus au voyage à vélo, ça n’a donc pas de prix pour nous de pouvoir discuter de cyclotourisme au Mexique. Initialement, ils devaient partir à vélo sur les routes avec le petit dans une remorque mais ils y ont renoncé parce que Rosina est enceinte. Leur projet était de quitter Tijuana pour descendre Baja California. Ça nous laisse songeurs, nous qui avons l’impression que ces états du nord sont très dangereux.
Rosina travaille pour Greenpeace, en 2014 elle a fait trois jours de prison pour avoir fait partie d’un groupe d’activistes qui ont escaladé une tour Pemex (la grande entreprise pétrolière du pays). C’est en visitant google que j’ai appris les détails de l’affaire ! Lors de la descente en rappel elle a laissé tomber une caméra GoPro qui a endommagé une lampe de la tour, raison pour laquelle elle est la seule à ne pas avoir été relâchée au bout d’un jour et à avoir été menacée de passer des années en prison.
Eduardo lui est ingénieur du son indépendant. Autant dire que 2020 a été pour lui une année catastrophique. Mais loin de se laisser abattre, il se lance dans différents projets, dont celui de devenir pilote de drone. Il a d’ailleurs filmé notre départ depuis le ciel et a monté un petit film (https://youtu.be/pZwuPA8WMs0)! Bref, nous n’avons qu’un souhait, les voir un jour débarquer à Puidoux sur leurs vélos !
Et puis les choses se sont enchaînées, les mexicains sont comme ça: tout le monde connaît une personne dans la ville suivant qui peut nous heberger.
Un jour, alors que nous faisions une pause pour ôter une couche de vêtement, un pick-up de la police fait demi-tour et s’arrête à notre hauteur. Un policier nous demande où nous allons et nous informe que, la route étant vraiment dangereuse, ils vont nous escorter. Quand je lui réponds que nous allons à 15 km et que nous roulons lentement il persiste. Et c’est donc suivi d’une poignée d’hommes casqués et armés jusqu’aux dents dans un véhicule clignotant de partout que nous reprenons la route ; c ’est évidemment ubuesque puisque notre convoi provoque des embouteillages pas possibles et finalement au bout de 5 km nos anges gardiens se lassent et nous continuons seuls.
Le lendemain nous sommes accueillis chez Juan Pablo à Tehuacan. En fait Juan n’est absolument pas cycliste, mais c’est Raquel, une amie de Rosina, qui l’a sollicité pour qu’il nous accueille alors qu’ils se connaissent à peine ! Raquel d’ailleurs nous rejoint rapidement, nous discutons de nos expériences à vélo (elle s’est rendue seule jusqu’au Brésil !). C’est une fille incroyable. Entre autres activités artistiques, elle enseigne le nahuatl, la langue des aztèques et de sa famille, parlée par quelques 7 millions de personnes.
Avec nos nouveaux amis nous dégustons des tacos délicieux ensembles dans une échoppe de rue.
Nous avions longuement hésité sur le chemin à emprunter pour se rendre à Orizaba, mais c’est une descente raide et assez longue avec un trafic routier important sur l’autoroute, et sur l’autre route des voies étroites et des changements de voies, alors finalement nous avons opté pour le bus. La première chose qui nous frappe c’est le changement de climat : nous quittons le plateau aride de Puebla et entrons dans une zone où tout est plus vert. Nous arrivons donc dans la ville touristique d’Orizaba vers midi et Indira qui nous accueille pour la nuit s’est arrangée avec Jimena, une autre amie, pour que nous puissions laisser les vélos chez elle pour l’après-midi. A la nuit tombée, Jimena et son mari nous accompagnent à vélo jusque chez Indirana, nous ne comptons plus nos anges gardiens !
Nous avons monté notre petite tente dans la maison d’Indira, c’est rigolo une maison dans une maison et ça nous fait plaisir parce que ça fait plus de deux mois que nous n’y avons pas dormi !
Puis nous sortons sous le crachin chercher à manger avec note hôte, des empanadas et des tacos délicieux.
Les filles ont vite adopté Miel, une des chiennes d'Indira.
Une des nombreuses églises d'Orizaba
Malgré le temps un peu maussade nous décidons de prolonger de deux nuits notre séjour dans la petite ville. C'est devant l'hôtel que nous avons dégoté que nous rencontrons Fransisco. Il nous aborde pour nous dire qu'il fait partie d'une organisation de cyclistes de la ville et qu'il va nous mettre en contact avec ses membres. Le soir même c'est Luz qui m'appelle et le lendemain c'est avec elle que nous grimpons sur le Cerro del Borrego pour admirer la ville.
Oui, l'ange sur la photo c'est moi. Il était temps de vous mettre au courant!
Après l'effot, le repas! Délicieux, comme d'habitude.
Le soir notre amie nous invite à participer à une procession religieuse. Les filles sont embauchées fissa pour aider à porter Marie et Joseph qui cheminent vers la crèche.
Le lendemain matin nous quittons la ville et Luz vient nous faire ses adieux. Elle m'offre un klaxon et elle a du nez: je suis la seule des quatre à ne pas être pourvue de cet objet indispensable à vélo. Et autant dire qu'il déchire...
L’étape jusqu’à Cordoba est plutôt courte et pas mal en descente mais c’est pour nous une expérience nouvelle : nous prenons l’autoroute ! Ça fait un peu bizarre, et ça roule vite. Mais finalement ça se passe bien et nous disposons d’un accotement large et agréable.
Un homme au bord de la route nous fait signe de nous arrêter. Il a un pendentif avec un vélo autour du cou et il est enchanté de voir une famille ainsi voyager. En fait les filles font souvent sensation, les gens n’en reviennent pas qu’elles voyagent ainsi sur leurs petits vélos. Il nous donne son numéro en nous priant de l’utiliser en cas de soucis et il offre 50 pesos aux filles pour qu’elles puissent s’acheter des friandises…. Je n’en reviens pas !
A Cordoba nous sommes hébergés par Vero et Damir, un couple de l’association WarmShower qui met gentiment à notre disposition une chambre pas encore terminée dans leur auberge qu’ils ont baptisée la Casa Bonita. Elle est mexicaine et lui est serbe, il est ravi d’apprendre que nous avons traversé et aimé son pays et séjourné chez lui à Novi Sad ! Ils se sont rencontrés au Viêt-Nam alors qu’ils voyageaient tous deux sac au dos et depuis quatre ans ils vivent ensemble ici. Notre famille est une inspiration pour eux, ils rêvent d’avoir des enfants et de partir avec eux en voyage. Ça nous touche.
Les couleurs des maisons au Mexique... un plaisir pour les yeux!
Pour nous rendre à Veracruz sur la côte nous avions trois options et finalement nous optons pour la plus petite route qui passe par quelques villages dans lesquels nous devrions trouver des endroits où dormir. Nous traversons des plantations de canne à sucre, la récolte bat son plein, nous croisons quantité de camions surchargés de cannes.
On l'avait lu: au Mexique pas besoin d'emmener son réchaud ou de se préparer un pique-nique, il y a à manger partout au bord de la route et même dans les coins les plus reculés.
Ce matin après un solide petit déjeuner mexicain nous quittons Soledad de Doblado et son hôtel particulièrement miteux (et cher) pour notre dernière étape direction Veracruz, ce soir on devrait voir la mer!
On vous souhaite à tous un joyeux Noël, on vous embrasse!